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Les Wallons osent le retour au Congo

La Belgique a fait son grand retour au Congo en septembre lors d’une mission économique menée par l’AWEX et Jean-Claude Marcourt, ministre wallon de l’Economie. L’importante délégation (une vingtaine d’entreprises, le cluster TWEED, cinq universités,…) souligne la détermination de la Wallonie à promouvoir ses PME dans un Congo aux ambitions nouvelles.

Depuis quelque temps, les missions économiques wallonnes intègrent les pôles universitaires afin d’obtenir de meilleures synergies et une plus grande coopération au niveau académique. En effet, la République Démocratique du Congo (RDC) est le pays qui reçoit le plus d’attention en matière de coopération de la part de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Mise en œuvre par WBI, celle-ci se focalise sur les secteurs prioritaires que sont l’éducation et la formation professionnelle et technique via l’APEFE, le développement et la création d’activités économiques dans les domaines de l’agriculture et de l’agro-alimentaire, la culture et les entreprises culturelles, et la gouvernance.

Le retour des Wallons sous le signe des PME

Il existe une réelle demande d’accompagnement et de soutien dans ces domaines de la part du gouvernement congolais. Du côté belge, la mission souhaite œuvrer pour un développement durable et pacifique de la RDC. L’instabilité politique étant une des raisons majeures du désinvestissement de la plupart des pays exportateurs. Les représentants de la mission wallonne veulent promouvoir des services, des solutions, des réponses adéquates en parallèle à des produits et s’assurer du développement des capacités de réponse locale.

Depuis plusieurs années, les Chinois, les Canadiens et les Américains ont pris le relais des Belges en matière de business au Congo. Les premiers se sont vu confier les grandes infrastructures tandis que les Nord-Américains ont hérité des mines. Les liens historiques, souvent douloureux, entre la République Démocratique du Congo et la Belgique permettent néanmoins de partir sur des bases connues.

Et le retour des Wallons est bien perçu de la part du Premier ministre congolais Matata Mponyo : « Nous souhaitons le retour des Belges car, aux côtés des grands groupes, il y a place pour les petites et moyennes entreprises, pour des joint-ventures avec des Congolais de la diaspora. Par exemple dans le secteur de la construction des routes ou la production de ciment, dans l’agriculture et l’éducation. »

Jean-Claude Marcourt rejoint le Premier ministre congolais : « Il y a eu en Belgique deux conceptions différentes au niveau du pouvoir officiel vis-à-vis du Congo. Il y avait ceux qui disaient qu’il ne fallait en aucun  cas faire des affaires au Congo en raison du passé colonial de la Belgique et puis il y avait ceux qui disaient que les intentions de nos entreprises n’étaient en rien hégémoniques. Notre paysage économique a changé, les très grandes entreprises qui venaient ici ont été rachétées. »

L’énergie et les banques comme changements majeurs

Le Congo vit actuellement un tournant économique majeur. La vigueur de l’économie congolaise a de quoi faire des envieux avec une croissance de 10,5%, qui devra être ramenée à 8,5% cette année, et un taux de change pratiquement nul. La RDC présente des fondamentaux économiques globalement positifs et encourageants. D’autre part, on assiste à une émergence progressive d’un tissu économique de plus en plus structuré et une légère, mais réelle, amélioration de l’attractivité économique du pays via une suppression de taxes, un assouplissement des procédures de création des entreprises, l’adhésion du pays à l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique (OHADA). La RDC est un géant qui se réveille.

Le pays subit de profondes transformations qui sont autant d’opportunités pour les entreprises wallonnes de faire valoir leur expertise. Le système bancaire congolais commence à se développer. En 2005, seuls 90.000 Congolais disposaient d’un compte en banque pour une population estimée à 80 millions de personnes ! Aujourd’hui, ce chiffre s’élève à 4 millions. Le pourcentage d’utilisateurs de comptes bancaires reste encore faible au regard de la population congolaise mais la tendance s’accentue.

Second changement majeur, la volonté du gouvernement congolais de libéraliser le marché de l’électricité afin d’augmenter la production de celle-ci et de soutenir les efforts dans le domaine de l’informatique. La RDC est sans conteste l’un des pays africains disposant des plus importantes ressources naturelles auxquelles s’ajoute un potentiel hydro-électrique considérable (7% des réserves mondiales) et un potentiel avéré pour les énergies renouvelables.

C’est la raison pour laquelle la mission économique était essentiellement focalisée sur les secteurs de l’eau et de l’énergie, deux secteurs économiques dans lesquels  les entreprises wallonnes se distinguent.

Les énergies renouvelables : une spécialité wallonne

Stéphane Moreau, CEO de Nethys (ex-Tecteo) donne ses impressions sur ce voyage : « Nous avons déjà une première expérience concluante en Afrique. Il s’agit de la construction d’éoliennes au Kenya, en accord avec la Banque européenne. Je suis ici pour voir le savoir-faire qu’on pourrait apporter avec Nethys-Energie (éoliennes), mais aussi en matière de gaz, d’électricité et de télécommunications. »

Mais Nethys n’est pas la seule entreprise à avoir noué des contacts, les sociétés NeoTech (équipements didactiques pour laboratoires et universités) et Tractebel Engineering ont également engrangé des résultats. Malgré des progrès considérables en matière d’assainissement et d’accès à l’eau potable, la RDC continue à faire face à de grandes difficultés dans ce domaine.

Les opportunités ne manquent pas donc pour les entreprises wallonnes publiques ou semi-publiques parmi lesquelles se trouvaient également la SWDE (Société wallonne des eaux), l’intercommunale liégeoise des eaux, Balteau, spécialisée dans l’épuration d’eau et bien entendu le cluster TWEED, rassemblant plus d’une centaine d’entreprises actives dans le secteur des énergies durables, qui s’est dit ravi de la mission.

Dans la foulée de cette mission réussie, la délégation a pu assister à la première des Francofolies de Kinshasa. Repoussé par deux fois, le projet a été mis sur pied par un autre wallon dont c’était un de rêves : Jean Steffens, l’organisateur des Francofolies de Spa. Un autre bel exemple de réalisation d’une PME wallonne au Congo qui annonce un futur prometteur.

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