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Topologies 2.0 – La connaissance par le retour à la narration

Dans mon dernier billet sur la Wallonie, j’avais promis de vous en dire davantage sur le roman de Maigret que j’ai terminé de lire en janvier 2020. George Simenon a grandi en Wallonie et a travaillé à Liège. De ce fait, son roman policier, qui vagabonde du nord de Paris jusqu’à cette région, m’a offert une géographie littéraire détaillée, et même une topologie littéraire de notre zone d’intérêt.

Le premier point de repère d’envergure mentionné est la gare des Guillemins, cette gare ferroviaire des retours autour de laquelle se replie non seulement la narration de l’histoire qui traverse l’Europe de l’Ouest à la fin des années 1920, mais aussi la propre vie de l’auteur.  

C’est grâce à Willem que j’ai découvert que les Guillemins étaient en fait un quartier de la ville de Liège, ainsi nommé en l’honneur des ermites de Saint-Guillaume. À l’époque de George Simenon, dans les années 1920, il s’agissait du portail ouvrant sur l’espace urbain de Liège. Un siècle plus tard, en 2020, c’est toujours par cette gare que les navetteurs des quatre coins de la Belgique débarquent en Wallonie. Les navetteurs qui se rendent au travail n’ont pas le temps d’amasser des souvenirs chez les bouquinistes de la gare, comme le font les voyageurs sur le chemin du retour qui attendent leur départ en début de soirée.

Quand je repense aux souvenirs que j’ai ramenés de voyages, ils se rapportent généralement aux rues et lieux mentionnés dans les romans de fiction. J’aime acheter des livres dont l’intrigue se déroule dans la ville que je visite. Mon livre le plus récent était écrit par Patrick Modiano et, comme pour compléter ce moment, le magasin vendait également des marque-pages en souvenir de votre visite des lieux. J’ai déjà trouvé des marque-pages souvenirs dans bon nombre de librairies francophones, mais jamais chez des bouquinistes britanniques. Et, vous, en avez-vous gardé l’un ou l’autre ? Je laisse les miens dans les livres, même après avoir fini de les lire. Cela implique que les marque-pages se perdent sur mes étagères jusqu’à ce que je prête le livre. Un souvenir perdu, tel le quartier perdu de Patrick Modiano.

Julie Masset et Alain Decrop ont demandé à des touristes où ils conservaient leurs souvenirs une fois rentrés (Masset & Decrop 2020, 2). Ils ont ensuite présenté leurs conclusions et démontré que bon nombre des objets rapportés de vacances finissent à l’étage dans les chambres, les garde-robes et même au grenier. Ce voyage à la verticale des objets vers les recoins les plus intimes des vies des touristes forme un autre repli topographique.

Masset, J. & Decrop, A. (2020) « Meanings of Tourist Souvenirs: From the Holiday Experience to Everyday Life » Journal of Travel Research doi.org/10.1177/0047287520915284

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